L’Europe est souvent perçue comme le berceau de la durabilité et de la conservation. Cependant, même dans ce bastion de l’écologie, des controverses surgissent, remettant en question certaines pratiques commerciales peu vertueuses et qui impactent négativement notre environnement. Une telle tempête s’est récemment déchaînée en Bosnie-Herzégovine, où une entreprise belge est au cœur d’un scandale environnemental majeur.

Des rivières en péril

Serpentant à quelque 20 km au sud de Sarajevo la rivière Kasindolska est le théâtre d’une bataille écologique. BUK d. o. o, une entreprise bosniaque soutenue par l’entreprise belge Green Invest, y exploite une centrale hydroélectrique. Mais ce n’est pas tout : des plans sont en cours pour la construction de deux autres centrales similaires. À première vue, cela semble être une avancée vers une énergie plus propre. Néanmoins, depuis la mise en service de la centrale en 2017, des voix se sont élevées, alertant sur les conséquences potentiellement désastreuses de ces activités.

Deux activistes bosniaques se sont particulièrement démarqués, mettant en lumière des violations flagrantes des autorisations accordées. Ils évoquent une déforestation incontrôlée dans des zones pourtant protégées et une érosion alarmante des sols due à la construction de routes. Ces allégations, loin d’être anodines, soulèvent des questions cruciales sur la manière dont les entreprises équilibrent profit et responsabilité sociale.

Des répercussions judiciaires

Face à ces critiques, la réponse de BUK d.o.o a été rapide et tranchante. Trois plaintes pour diffamation ont été déposées contre les activistes, exigeant une somme de 7 500 euros en dommages et intérêts. Ces actions en justice, loin d’intimider les défenseurs de l’environnement, ont plutôt attisé les flammes de la contestation.

Ainsi, Lejla Kusturica, membre éminent de l’organisation environnementale ACT, a condamné ces poursuites, les qualifiant de « poursuites-bâillons ». Elle souligne que de telles tactiques sont de plus en plus utilisées pour museler les critiques. En effet, une lettre ouverte signée par 140 organisations a été envoyée à diverses institutions, exprimant une profonde inquiétude face aux activités de Green Invest et de BUK d.o.o.

Un appel à la responsabilité

La lettre ne se contente pas de critiquer. Elle met en évidence que la centrale exploitée par Green Invest/BUK d.o.o fonctionne sans les permis nécessaires. Plus encore, elle accuse l’entreprise de réaliser des bénéfices conséquents au détriment de la rivière et des communautés avoisinantes, en contradiction flagrante avec le droit européen de l’environnement.

Emmanuel Berryer, co-fondateur et PDG de Green Invest, n’est pas resté silencieux face à ces allégations. Il a défendu l’intégrité de son entreprise, affirmant que leur projet répond à tous les critères de développement durable. Il a souligné aussi l’importance des petits projets hydroélectriques pour la sécurité énergétique du pays.

Toutefois, au-delà des déclarations et des contre-déclarations, une chose est claire : la nécessité d’un dialogue constructif. La lettre exhorte la délégation de l’UE en Bosnie-Herzégovine à encourager une interaction positive entre l’entreprise, les militants et la communauté touchée. Dans une Europe qui se veut pionnière en matière d’écologie, il faut que les entreprises et les communautés travaillent main dans la main pour un avenir plus vert et plus prospère.