« Pour atteindre les objectifs nationaux de transition écologique, il faudra qu’elles [Collectivités locales] doublent leurs investissements verts d’ici 2030 ». Le constat est signé Philippe Mills, directeur général de SFIL, la banque publique de développement qui œuvre à la stabilité du financement du secteur public local en France. Au cœur de la construction, de la mobilité, de la gestion locale et garantes du bien-être des populations, il faut bien avouer que le rôle des collectivités locales est central. Décryptage !
Collectivités territoriales : championnes de la transition verte ?
C’est un virage écologique sans précédent qui nous attend d’ici 2050, et ce sont nos collectivités locales qui pourraient bien être aux commandes ! En tout cas, avec leurs chapeaux multiples, elles devraient l’être… A la fois bâtisseurs, gestionnaires et visionnaires, elles tiennent les rênes de notre parcours vers une France « bas-carbone ».
C’est en tout cas ce que nous apprend l’Institute for Climate Economics (I4CE) qui, dans une étude réalisée récemment, souligne que pour tenir le cap fixé par la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), il faut mettre le turbo ! Dans le détail, les collectivités doivent booster leurs investissements verts, passant de 5,5 à 12 milliards d’euros annuels d’ici 2030. En tête de liste ? Les solutions de mobilité verte (pensez vélo, voitures électriques, trains), qui mobiliseront 7,8 milliards. Il ne faut pas non plus oublier les bâtiments publics, particulièrement gourmands en énergie, et dont il faudra améliorer l’efficacité énergétique.
Se pose alors la question de qui va prendre les devants ? Principalement les communes et intercommunalités, qui concentrent 70 % du besoin d’investissement. Elles sont suivies par les régions avec 20 %, et les départements avec 10 %. Gardez toutefois à l’esprit que ces montants représentent des estimations minimales, car l’étude d’I4CE a laissé de côté d’autres secteurs clés comme la construction neuve ou encore la gestion des déchets (comme avec les récupérateurs de piles fournis gratuitement grâce au sponsoring publicitaire comme ceux de l’entreprise Groupe Media Plus Communication à Saint Laurent du Var par exemple).
Moteurs de la transition verte : l’ingéniosité des collectivités et une touche d’investissement !
Mettez 6,5 milliards d’euros supplémentaires chaque année sur le tapis ? En théorie, les collectivités ont les ressources pour, la preuve en chiffres : ce montant, aussi faramineux puisse-t-il paraître, ne représente que 10 % de leurs dépenses d’investissement actuelles et moins d’un quart de leur épargne nette. Et non, ce n’est pas un jeu à somme nulle ! Hors de question de délaisser l’investissement dans le social pour se consacrer uniquement sur le vert.
Mais il va falloir renforcer les troupes, l’I4CE révélant qu’il manque 25 000 experts pour piloter ces projets, soit 2 % de plus sur la feuille de paie des collectivités. Oui, c’est un effort colossal, mais parfaitement jouable si le marché de l’emploi est bien garni. Rappelons toutefois que les collectivités ne pourront pas relever seules les défis liés au financement. Autrement dit, elles auront besoin de l’aide de l’Etat et des financeurs publics. L’Etat, qui les aide déjà avec ses dotations comme le Fonds Vert (enveloppe de 2 milliards d’euros en 2023 pour les projets écolos des collectivités), pourrait pousser le bouchon encore plus loin. Comment ? En « jouant » avec les dotations et la réglementation, et en orientant les dépenses des collectivités vers la transition climatique.
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