La durabilité, tout le monde en parle, mais bien peu sont les pans de l’économie qui arrivent à adopter une approche réellement écoresponsable. Prenons le secteur de la mode par exemple : entre difficulté d’adapter les méthodes de production et obligation économique de générer des profits exponentiels, les industriels se trouvent souvent pieds et poings liés, même quand la volonté est là. Il est vrai que les designers prennent des mesures pour lutter contre le gaspillage industriel, mais le véritable changement exige un changement de mentalité. Le point sur ce sujet brûlant d’actualité.

Industrie de la mode : quel impact sur l’environnement ?

En 2019, le Conseil suédois de la mode a pris une mesure sans précédent, en pleine période de planification de la Semaine annuelle de la mode de Stockholm : le conseil a tout bonnement annulé l’événement, invoquant des préoccupations quant à son impact sur l’environnement. Bien sûr, la majorité des acteurs du secteur de la mode ne prend pas des mesures aussi drastiques, mais cela a montré qu’il était urgent d’agir sur cette question, ce que les créateurs et les clients reconnaissent volontiers aujourd’hui.

Selon plusieurs groupes des Nations unies, la mode est responsable d’environ 10 % des émissions de carbone et de près de 20 % du gaspillage de l’eau dans le monde. On estime que 85 % des textiles du monde entier finissent dans des décharges ou sont incinérés. L’industrie du prêt-à-porter contribue sans doute fortement à ces déchets, mais elle n’est pas la seule.

Ce que fait l’industrie de la mode pour la durabilité

Lors du sommet du G7 en août 2019, 32 grandes entreprises de mode, dont Kering, Chanel et Inditex (la société mère de Zara), se sont engagées dans une série d’initiatives environnementales, en acceptant d’éliminer les plastiques à usage unique d’ici 2030 et de rechercher des sources de matières premières plus durables. Gabriela Hearst a fait la une des journaux lorsqu’elle a compensé l’empreinte carbone de son défilé de mode du printemps 2020 à New York, en limitant les coûts énergétiques du transport, en réservant des modèles locaux, en minimisant les emballages et la consommation d’énergie et en réduisant les déchets. Et après que la marque de vêtements américaine Nordstrom ait créé un dispositif permettant à ses clients de faire des achats en ligne pour un « style durable », les recherches des clients dans cette catégorie ont augmenté de 3 100 % en 2019.

Une question se pose cependant : l’industrie de la mode est-elle enfin passée des paroles aux actes ? Il est certain que beaucoup d’acteurs de poids opèrent des changements, à la fois forcés et incités à faire mieux par les forces socio-économiques, depuis les lois plus strictes sur le recyclage jusqu’à l’activisme galvanisant des nouvelles générations. En 2019, Kering, propriétaire de Gucci, Balenciaga, Saint Laurent et d’autres marques de luxe, s’est engagé à compenser ses émissions de gaz à effet de serre en achetant des crédits carbone et à s’engager à la neutralité carbone totale de l’entreprise. LVMH et Burberry font de même. Certes, faire des chèques ici et là ne rendra pas les géants du secteur plus « verts », mais c’est un signal fort de la part des leaders de l’industrie.