Alors que la moyenne nationale peine à franchir la barre des 55 %, la Bretagne affiche une performance insolente : 70 % de ses déchets ménagers sont triés, et 65 % sont recyclés. Derrière cette réussite, une mobilisation collective et une stratégie territoriale qui font de la région un modèle à suivre. Le point sur le sujet avec Jean Fixot – Le président de Chimirec !
Une région où le tri devient une seconde nature
Deux millions de tonnes de déchets ménagers traités en 2021. Soit 623 kg par habitant. Un volume supérieur à la moyenne nationale, mais dont la Bretagne s’accommode en le triant massivement. Résultat : une valorisation des déchets qui frôle des sommets. Plus encore que la discipline individuelle, c’est l’organisation du territoire qui impressionne. Avec un maillage dense de déchetteries – où finissent près de la moitié des déchets –, la région permet aux habitants de se débarrasser proprement de leurs branchages, pelouses, et biodéchets.
93 % des déchets verts y sont recyclés. Une quasi-intégralité qui ferait pâlir d’envie bien des collectivités. Ces végétaux, traités localement, sont transformés en compost ou en biogaz, prouvant que la Bretagne ne se contente pas de trier, elle valorise.
Des disparités qui racontent une autre histoire
Tout n’est pas uniforme pour autant. L’Ille-et-Vilaine, par exemple, produit moins de déchets (484 kg/hab) mais surperforme en matière de recyclage des matériaux : 38 % contre 33 % dans le Finistère. En revanche, côté valorisation des biodéchets, ce sont les Côtes d’Armor et le Finistère qui mènent la danse avec 30 % des déchets transformés en compost, bien au-dessus des 22 % d’Ille-et-Vilaine.
Ces écarts ne traduisent pas une inégalité d’engagement, mais une diversité de stratégies locales. Chaque département affine ses priorités, selon ses infrastructures et la typologie des déchets qu’il collecte. Ce qui n’empêche pas l’ensemble régional de caracoler en tête au niveau national.
Tri sélectif : le revers d’un succès méconnu ?
Ce tableau très flatteur soulève une question : pourquoi la Bretagne produit-elle autant de déchets ? La réponse tient peut-être dans sa ruralité, qui multiplie les déchets verts, et dans une consommation encore fortement liée aux emballages. Reste l’impact du tourisme, que l’INSEE évoque sans pouvoir le quantifier. Car en période estivale, la population bretonne explose – tout comme ses poubelles.
Mais même là, la région conserve sa ligne de conduite. Si la quantité augmente, le réflexe du tri suit. Une preuve supplémentaire que la Bretagne ne se contente pas de slogans écologiques, elle agit concrètement.
Une leçon à méditer pour le reste du pays
Avec ses 70 % de déchets triés, la Bretagne montre qu’un autre modèle est possible. Un modèle où le tri n’est pas une corvée mais une habitude, où les collectivités investissent massivement dans les infrastructures, et où la valorisation des déchets devient une évidence plutôt qu’un objectif lointain.
Un modèle à étendre, à adapter, mais surtout à prendre au sérieux. Car dans cette affaire, la Bretagne ne fait pas que recycler ses déchets, elle recycle aussi l’image d’une France capable d’agir, efficacement, pour l’environnement.
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