Les Français jettent plus, mais trient mieux. C’est l’un des enseignements majeurs de la dernière étude de l’Insee sur les déchets ménagers et assimilés collectés en 2021. Si la quantité globale de déchets a augmenté, le tri sélectif a, lui aussi, progressé, améliorant ainsi les performances de valorisation. Une dynamique encourageante, même si certains objectifs nationaux restent hors d’atteinte. Le point sur le sujet avec Chimirec !

41 millions de tonnes collectées en 2021

En 2021, 41 millions de tonnes de déchets ménagers et assimilés ont été collectées en France. Cela représente 615 kg par habitant, une moyenne en hausse de 4 % par rapport à 2011. Cette progression peut surprendre, dans un contexte où la réduction des déchets à la source est censée être une priorité. Mais les chiffres sont à nuancer : les ordures ménagères résiduelles, celles qui ne sont pas triées, ont en réalité diminué de 14 % sur la même période.

La baisse des déchets non triés est la conséquence directe de l’amélioration des gestes de tri, soutenus par des politiques locales, des campagnes de sensibilisation et l’évolution des infrastructures. Selon l’Insee, le tri sélectif a progressé de 21 % en 10 ans, traduisant une prise de conscience accrue des enjeux environnementaux chez les ménages.

Des disparités territoriales marquées

Tous les territoires ne génèrent pas la même quantité de déchets. Certaines intercommunalités enregistrent des volumes nettement supérieurs à la moyenne, notamment celles à vocation touristique, situées en bord de mer – en Corse, en Normandie, dans les Hauts-de-France ou encore en Provence-Alpes-Côte d’Azur. La présence de résidences secondaires et d’une population aisée, plus consommatrice, contribue également à augmenter le volume de déchets.

À l’inverse, l’Île-de-France affiche un taux particulièrement bas, avec seulement 450 kg par habitant. D’autres régions comme l’Auvergne-Rhône-Alpes ou le Grand Est se distinguent également par une gestion plus sobre. Plusieurs facteurs expliquent ces écarts : la densité urbaine, les habitudes de consommation, mais surtout l’existence de dispositifs de tarification incitative, mis en place dans certaines collectivités. Dans ces zones, la réduction des déchets atteint parfois jusqu’à 55 kg par habitant, preuve de l’efficacité des leviers économiques.

Une valorisation en progrès, mais encore insuffisante

Autre signal positif : la valorisation des déchets s’est nettement améliorée. En 2021, près de la moitié des tonnages collectés ont été dirigés vers des filières de valorisation matière ou organique, soit un gain de 11 points en dix ans. Recyclage, compostage, méthanisation… les options se diversifient, même si les déchets verts et biodéchets restent les plus faciles à traiter.

Selon l’Insee, la majorité de ces déchets organiques sont convertis en compost ou en énergie renouvelable. Une bonne nouvelle, même si l’objectif de 55 % de valorisation fixé par la loi de transition énergétique pour 2020 n’a pas été atteint. La France dispose actuellement de près de 1 800 installations de traitement des déchets, dont 710 centres de tri. Ces infrastructures permettent de récupérer efficacement les matériaux recyclables, comme le papier, le verre, les plastiques ou les métaux. Mais elles peinent encore à absorber l’ensemble des flux.

Des incinérations encore trop nombreuses

Le traitement des ordures ménagères résiduelles reste le maillon faible du dispositif. Ces déchets, collectés dans les bacs classiques et non triés en amont, ne sont valorisés qu’à la marge. Selon l’Insee, 68 % de ces résidus sont incinérés, une solution qui, si elle permet de produire un peu d’énergie, reste peu satisfaisante sur le plan écologique.