Le recyclage des panneaux solaires est une problématique qui prend de l’ampleur. En Europe, la gestion des modules photovoltaïques en fin de vie met en lumière des défis environnementaux, techniques et réglementaires. Retour sur les solutions envisagées pour transformer ces déchets en nouvelles ressources. Pour cela, on fait le point avec Jean Fixot de la société Chimirec.

Des matériaux facilement recyclables, mais à faible valeur ajoutée

Certains composants des panneaux solaires, comme l’aluminium et le cuivre, sont déjà bien intégrés dans des circuits de recyclage. Ces métaux, présents dans les cadres et le câblage des modules, se séparent facilement et trouvent des débouchés dans des marchés établis.

Toutefois, les processus actuels de broyage et de tri mécanique ne permettent pas d’atteindre une pureté suffisante pour réutiliser ces matériaux dans de nouveaux panneaux solaires. Par exemple, l’aluminium recyclé est exploité par certains fabricants pour des cadres, mais d’autres matériaux recyclés peinent à s’intégrer dans la chaîne d’approvisionnement.

Le recyclage actuel s’apparente davantage à une solution temporaire visant à détourner les déchets des décharges. Les matériaux récupérés ne répondent pas aux normes de qualité nécessaires pour des applications de grande valeur.

Verre solaire : un enjeu stratégique pour l’industrie

Le verre constitue la majeure partie des matériaux d’un module photovoltaïque. Son recyclage représente une opportunité intéressante pour les fabricants de panneaux. En effet, le traitement du verre recyclé consomme moins d’énergie que celui du verre brut.

En 2024, des avancées notables ont été réalisées par l’entreprise française Rosi. Son procédé de pyrolyse, qui chauffe les panneaux dans un environnement pauvre en oxygène, permet de séparer efficacement le verre des autres matériaux, notamment le silicium. Cette méthode garantit un calcin de verre d’une qualité suffisante pour des usages industriels.

Néanmoins, un obstacle persiste : la présence d’antimoine dans le verre solaire. Ce métal, utilisé dans les panneaux actuels, complique son recyclage en Europe. Certains recycleurs plaident pour une utilisation de verre sans antimoine dans les futurs panneaux solaires afin de faciliter leur gestion en fin de vie.

Silicon et argent : des matériaux au cœur des enjeux technologiques

Les cellules photovoltaïques renferment du silicium et de l’argent, des matières premières précieuses. Le traitement traditionnel par broyage entraîne une dégradation du silicium, limitant sa pureté à environ 80 %. Ce niveau est insuffisant pour des applications exigeantes, notamment dans la fabrication de nouveaux panneaux.

Rosi a mis au point un procédé chimique doux, complémentaire à la pyrolyse, pour extraire du silicium de qualité élevée. Ce silicium, ainsi que l’argent récupéré, peut être réutilisé dans divers secteurs industriels.

Ces innovations, bien qu’encourageantes, restent coûteuses. Aujourd’hui, le recyclage photovoltaïque repose en partie sur des incitations financières et des cadres réglementaires adaptés. Sans ces leviers, les matériaux risquent de continuer à s’accumuler dans des décharges.