Les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), aussi appelés déchets électroniques, sont aujourd’hui l’un des flux de déchets à la croissance la plus rapide au monde. Avec des millions de tonnes générées chaque année, ces déchets représentent un risque sanitaire et environnemental, surtout dans les pays à revenu faible et intermédiaire où ils sont souvent exportés pour un traitement informel.

Aujourd’hui, on met en lumière les faits concernant l’ampleur des DEEE, leurs impacts sur la santé, et les solutions envisagées pour limiter les risques. Pour cela, on fait le point avec Jean Fixot de la société Chimirec.

Une production de déchets électroniques en pleine expansion

En 2019, environ 53,6 millions de tonnes de déchets électroniques ont été produites à l’échelle mondiale, avec une tendance en forte croissance. En effet, ce flux de déchets augmente trois fois plus rapidement que la population mondiale. Cependant, seul un quart de ces déchets est collecté et recyclé dans des circuits officiels.

Les DEEE sont constitués de nombreux équipements jetés lorsque ceux-ci deviennent obsolètes ou défectueux : téléphones, ordinateurs, gros électroménagers et autres dispositifs électroniques. De manière générale, ces équipements contiennent des matières recyclables précieuses.

Pourtant, leur gestion inadéquate reste un problème de grande envergure. Dans de nombreux pays, et notamment dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, le recyclage informel de ces déchets est une source de revenu. Mais les techniques de traitement utilisées sont souvent nocives, exposant les travailleurs à des toxines dangereuses et contaminant l’environnement.

Malgré les réglementations internationales comme la Convention de Bâle, qui encadre les mouvements transfrontières de déchets dangereux, le commerce de déchets électroniques entre les pays riches et ceux à revenu plus faible persiste, souvent illégalement. Ce phénomène contribue à faire des DEEE un problème de santé publique majeur.

Une exposition aux substances toxiques qui inquiète

Les déchets électroniques contiennent une multitude de substances toxiques. Si leur utilisation normale n’expose pas directement les utilisateurs, leur mauvaise gestion en fin de vie libère des polluants dans l’environnement. Parmi les pratiques observées, le brûlage à l’air libre, la lixiviation acide et le démontage manuel libèrent des produits toxiques dans l’air, le sol et l’eau.

Les sites de recyclage informel sont souvent le théâtre de ces pratiques, et les polluants libérés s’y répandent dans les communautés environnantes.

Certains polluants comme le plomb, les dioxines et le mercure sont particulièrement dangereux. Ils s’accumulent dans les sols et les cours d’eau, affectant la faune, les ressources en eau et, bien sûr, les populations humaines alentour. Des études montrent que les toxines émises par les DEEE peuvent parcourir de longues distances, exposant les personnes vivant à proximité ou même éloignées de ces sites.

Les enfants, les plus vulnérables face aux dangers des DEEE

Les enfants et les femmes enceintes sont particulièrement touchés par les effets néfastes des déchets électroniques. Dans certains pays, les enfants participent au recyclage informel, démontant manuellement des appareils ou brûlant des matériaux pour récupérer des métaux. Ces activités, pourtant dangereuses, leur exposent directement à des niveaux élevés de produits chimiques. Le travail de collecteur de déchets est d’ailleurs considéré comme une des pires formes de travail des enfants par l’Organisation internationale du travail.

Les enfants exposés aux déchets électroniques peuvent souffrir de diverses affections. Des études montrent que les polluants issus de ces déchets augmentent le risque d’accouchement prématuré, de mortinaissance et de retards de développement neurologique. Le plomb, notamment, peut affecter le développement du cerveau et les capacités d’apprentissage. Les sites de recyclage informel sont également associés à des maladies respiratoires, dont l’asthme, en raison des fumées toxiques qui s’en dégagent.

Face à ces risques, des actions sont encouragées pour protéger les communautés. Des initiatives internationales visent à renforcer la réglementation, la formation des professionnels de santé et à mettre fin au travail des enfants dans ce secteur.