Il semblerait que la Norvège revoit ses plans sur les zones zéro-émission des fjords… En effet, le pays vient de repousser l’objectif à 2035, en modifiant la loi qui oblige à la navigation zéro-émission dans les huit fjords les plus fréquentés. Sans surprise, cette mesure n’a pas manqué de susciter l’inquiétude des acteurs maritimes locaux… Explications !
Recul environnemental en Norvège ?
La Norvège semble actuellement s’éloigner d’une politique environnementale vertueuse… Récemment, le pays a pris une décision pour le moins controversée, en initiant des démarches qui pourraient bien aboutir à des concessions minières dans les fonds marins de l’Arctique. Cette décision s’ajoute à une autre annonce non moins significative : les objectifs de zéro-émission pour les navires dans les fjords de l’ouest de la Norvège, prévus pour 2026, ne seront plus poursuivis.
Ladite mesure, jugée révolutionnaire lors de son adoption début 2020 (et à juste titre !), visait à protéger les fjords classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, notamment autour du Geirangerfjord dans la région d’Ålesund et du Naeroyfjord, situé dans le Sogn og Fjordane. Pour rappel, cette zone, qui inclut le village touristique de Flam, est une destination prisée des paquebots. La preuve en chiffres : avant la pandémie, la région enregistrait 250 visites de bateaux et 900 000 passagers débarqués par an.
Rappelons également qu’à l’époque, cette initiative semblait bénéficier d’un large soutien, tant du gouvernement que des communautés locales. Ces dernières s’étaient exprimées en faveur de la protection de l’environnement, de l’amélioration de la qualité de vie et du développement d’une économie durable à l’année.
Le lobbying du secteur des croisières influence la politique environnementale norvégienne
Initialement approuvée et même réaffirmée par le gouvernement nouvellement élu en septembre 2021, la loi en question n’a pourtant jamais été signée ni mise en œuvre. Il faut savoir que dans le cadre législatif norvégien, il revenait à la direction des transports maritimes (Sjøfartsdirektoratet) de rédiger le texte, y compris tous les détails techniques nécessaires. Mais au cours de ce processus, l’organisme a été la cible d’un lobbying intense de la part de l’industrie de la croisière et certains élus locaux. Ces derniers, ayant changé de position, auraient été influencés par les conséquences économiques potentielles d’une interdiction des navires incapables de se conformer aux exigences de zéro-émission. Ce lobbying s’est par ailleurs intensifié dans un contexte marqué par la crise du Covid-19, qui a révélé l’impact d’une saison sans croisières sur les économies locales, accentuant ainsi la pression sur les décideurs.
Remplacement du zéro-émission par les biocarburants dans les fjords
Après des mois de débats et d’hésitations, le résultat des procédures menées par la direction des transports maritimes norvégienne a enfin été dévoilé. L’ambitieux objectif de zéro-émission dans les fjords pour 2026 a été abandonné. A la place, un report à 2035 a été annoncé, avec une nouvelle exigence : l’utilisation de biocarburants du type B100 par exemple dans les fjords concernés. Seulement voilà, cette nouvelle contrainte, bien moins rigoureuse, ne présente pas le même bilan carbone que l’objectif initial.
Bien que l’usage de biocarburants puisse réduire l’empreinte carbone globale du ravitaillement en carburant, il reste associé à des émissions de CO2. De plus, cette mesure ne requiert pas de modification des systèmes de propulsion des navires. Alors que de nombreux acteurs norvégiens, tant dans le secteur maritime qu’industriel, voyaient dans l’objectif initial une opportunité de développer de nouvelles solutions, comme l’utilisation de petites embarcations électriques pour les visites des fjords ou l’accélération de l’électrification des plus gros navires de croisière, le nouveau plan se limite à un simple changement de carburant. Les contraintes liées à l’utilisation effective de ces biocarburants restent également incertaines et sujettes à variations.
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